Rando 6 jrs : Dans le corps de l'île de la Réunion - 03 - Jour 3
Par pascalpenot - 09-08-2009 12:16:51 - 1 commentaire
Parti pour le troisième jour
Vendredi 9 mai. Si la pluie s’est arrêtée mais le temps reste maussade et nuageux. C’est donc râpé pour les sentiers de grand coude… Je n’ose prendre le risque d’être dedans ou par prudence, de devoir rebrousser chemin et me taper un grand tour par la route et Saint joseph. Je monterai à Textor avant de replonger vers le cœur de l’île après un détour par Bourg murat pour « faire de l’eau ».
Le sentier menant à Textor est raide, boueux mais sublime !!! Peu emprunté il est relativement propre et la foret qu’il traverse est merveilleuse. Je croise d’énormes Mapous se prenant pour des Tamarins ici plus rares. J’anéantis également le travail de dizaines d’araignées en mangeant leurs toiles qui traversent le sentier. Une fois sortie du rein et arrivé sur un plateau herbeux ombragé de petits Tamarins des hauts, mes vitamines du matin s’offrent devant moi au travers d’un champs rempli de framboises sauvages biens mures. Je me gave le ventre, comblant par ces framboises ma soif en même temps que ma faim. Je n'ai plus d'eau!
A Textor, le ciel bleu tente de faire un timide apparition de courte durée. Je plonge déjà par les sentiers de traverse empruntés par la course du tangue vers Bourg murat. Je m’arrête au snack « le kiosk » au niveau du dernier rond point avant la RF du volcan. Le serveur me remplit mes trois bouteilles de 75cl au robinet et je le remercie par une énorme commande : jus à la pêche, flan, gâteau à l'arrowroot, thé bien chaud et un excellent cari barquette. Un délicieux sauté de crevettes au brèdes !
Je repars avec une légère fatigue. Je suis repu par mon repas mais j’ai également mal dormi la nuit dernière. En soirée, une bande de jeunes s’était pointé dans un kiosque près du mien à l’heure de fermeture des boutiques, je pense pour écumer un dernière pile plate ou un ou deux zamal… Dans cette cas la, on garde les yeux ouverts à l’affût, histoire de ne pas se retrouver dans la rubrique des faits divers un peu dingue. Ils sont partis vers deux heures du matin. Soit ils ne m’ont pas vus dans la nuit noire sous les cryptomerias, soit ils m’ont tout simplement ignoré.
En déjeunant, j’ai passé quelques coups de fil à Anise à la recherche d’un gîte pour ce soir à Cilaos. Marre de cette tente qui semble pleuvoir de l’intérieur et j’ai de plus envie d’autres choses que de ma semoule complète… Je constate que plus je marche et plus je deviens morfale. La nourriture, devient un moment de convivialité qui prend une importance surprenante.
Le départ du Mare à boue dans la brume
Il est un moins de 13h quand j’attaque la montée du Kerveguen. J’ai devant moi un timing de 6 heures de marche avant le repas du soir au gîte à Cilaos pour un parcours que je réalise en moins de 3 heures à l’entraînement. Bref j’ai tout mon temps ! Relativement seul sur le sentier dans la première partie, je commencerai à doubler du monde un peu avant le coteau Kerveguen. Dans la descente du bloc, j’en croiserai de nouveaux dont une bande de jeunes en besoin de conseil pour le bivouac. En passant par le plateau du Matarum, je fais le plein d’eau puis j’inspecte l’abri. Moi qui le croyait pourri et sentant l’urine, je constate qu’il est en fait assez propre, hormis quelques détritus d’emballage. Je m’en veux d’avoir sauter sur la réservation d’un gîte en me disant que j’avais la un endroit idéal pour le bivouac : de l’eau en abondance, un farfar ouvert pour faire du feu et un abri propre pour dormir… Cependant, je continue ma route vers Cilaos feignant d’honorer ma réservation engagée auprès du gîte par politesse alors que mon ventre se prépare à la vraie raison… Miam miam !
J’arrive au gîte de la roche merveilleuse avant la nuit vers 18h. Avec la même tenue de marche depuis 3 jours, plus qu’un randonneur, je suis un « puanteur » sur pattes.
Je prend une douche, une vraie. La première depuis 3 jours et je me brosse les dents en appréciant le gout du dentifrice.
Ensuite, j'attaque la lessive de la tenue de marche, plus pour la désodoriser plus que pour la laver, en prenant soin de l'essorer un maximum pour qu'elle soit la moins fraîche possible quand je devrais l'enfiler à nouveau demain matin.
Je prépares mon lit, un vrai lit avec un drap, un matelas épais en mousse et une couette pour moi tout seul sur laquelle j'étends mon sac de couchage, pour l'aérer et le sécher un peu après 2 nuits de condensation sous tente.
Le gîte affiche complet et nous sommes au coude à coude devant nos gamelles autour d'une table trop petite. Dépareillant de la clientèle habituelle des gîtes de Cilaos, je dîne à coté de 2 familles à l'éducation aristocratique. Les enfants s'adressent à leur géniteur en l'appelant "père" et Madame annoncera à voix haute qu'elle attaque le gâteau en chocolat avec les doigts, "si vous le permettez très cher"... Elle vouvoie son époux! Vous vous rendez compte!...
" Permettez vous, chère tendre Anise que je vinsses sous vos draps intimes dans la tenue d'Adam?"
- Mais faites, très cher, je serai votre Eve si tel est votre souhait!
Ah j'me marre tout seul... J'imagine qu'ils doivent porter un nom à particule, du genre "Pierre-alfred de la Roquefeuille de Mallaimé, ou quelque chose comme ça. Néanmoins, ils ont une discussion agréable et ouverte entre des histoires de randonnées passées, de la fronde contre le projet de géothermie de la plaine des sables, etc. J'écoute plus que je participes, fatigué par deux nuits agitées par les faits relatés plus haut, un sternum fracturé convalescent suite à mon abandon sur chute à l'ultra 97.4 trois semaines plus tôt, et des quintes de toux nocturnes douloureuses à exprimer. Je somnole presque entre 2 sujets. Dans tous les cas, je m'évade. Je me vois sur le plateau du Matarum en train de laver mon linge dans le bac, de faire vivre le foyer du far far d'un feu qui me réchauffe et nettoyer l'abri en fabriquant un balai à l'aide de brandes. Je reviens à la réalité du gîte quand arrivent les plats… Faut dire que si je suis ici, c'est surtout pour ça!
Après un gratin de papayes vertes (une nouveauté succulente), arrive un cari mélangeant poulet et boucané accompagné de pois du cap et riz. Je me sers d'abord une belle assiette. Puis, quand je serai assuré que l'attablée est repue et rassasiée, je me resservirai deux assiettes de grain et de riz et remplirai ma gamelle bivouac de riz blanc pour le lever demain matin. Devant prendre la route assez tôt, je serai déjà parti à l'heure du petit déjeuner servi par le gîte. Une fois le dessert englouti, je salue l'ensemble des convives pour les bras de Morphée et je m'endors avant 21h00, d'un sommeil doux et paisible comme un enfant sur le sein de mère
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1 commentaire
Commentaire de Pierre pfx posté le 02-11-2009 à 17:45:58
Passionnantes ces aventures réunionnaises. Un régal de se transporter dans univers magique et envoutant. Pierre F
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